La préparation

La Kungsleden n'a pas vraiment la réputation d'être un chemin très difficile contrairement à d'autres. Mais en hiver, sur une durée aussi longue et avec les éléments qui peuvent se montrer capricieux, ça peut vite se gâter. Pour augmenter le capital confiance avant le départ, il valait donc mieux bien se préparer.
Le 07/03/2020

La préparation physique

Au niveau physique pur, je n'ai pas changé grand chose à mon programme habituel au tout début du projet. J'ai continué à aller régulièrement à la salle d'escalade. Ça ne fait pas forcément bosser les muscles qui travaillerons sur le trek, mais ça maintient le chassis en forme et c'est un sport qui est plutôt bon voire très bon pour la confiance et le mental. Au fur et à mesure que le temps passait, j'ai rajouté quelques séances de vélo ou de running par ci par là en rentrant du boulot le soir. N'allez pas non plus m'imaginer en grand athlète : pour le running, ça ne durait pas longtemps car j'ai un souci avec mes chevilles qui tétanisent très rapidement. Du coup une fois que j'étais échauffé, j'allais me faire des sprints dans les montées derrière chez moi histoire de bien faire bosser les cuisses.

Ces dernières semaines, comme je ne travaillais plus, j'ai allongé et régularisé un peu plus mes séances. Je me suis fait quelques sessions de course à pieds (avec la pause au bon moment pour éviter mon problème de chevilles) suivies d'un petit 10km à vélo à chaque fois. Je rentrais avec les jambes bien crâmé, c'était pas mal comme programme. En revanche, une douleur à l'épaule m'a poussé à arrêter temporairement l'escalade, pour ne pas prendre le risque de partir blessé. Et franchement ... ça me manque beaucoup !

Bon par contre il faut être honnête : ces tous derniers jours, j'étais à l'arrêt, j'avais trop de choses à préparer. J'espère donc que la machine se remettra vite en marche quand je serai là haut.

La préparation sur le terrain

Si la semaine était réservée pour le physique pur, le weekend l'était pour la préparation sur le terrain.

Dès que les conditions le permettaient, je suis allé dans les montagnes à droite à gauche pour m'entraîner à manipuler mon matériel et aussi tester ma propre résistance.

 

Le col du Beal

Le premier entrainement notable dont je me souvienne pour mon expédition était avec mon amie Marion dans les monts du Forez début novembre. C'était un long weekend de trois jours, il avait neigé (si si, je vous assure), on annonçait un bon vent (50 à 60km/h) : l'occasion parfaite pour aller tester la tente en conditions hivernales. Il faisait -1 dehors, -10 en ressenti.

Je n'avais pas encore les skis ni la pulka, il n'avait pas suffisamment neigé pour que les raquettes soient nécessaires. Nous y sommes donc allés à pieds avec les gros sacs à dos. Nous avons eu le droit à une lumière assez magique une fois arrivés au col du Beal.

D'ailleurs ça me fait penser que déjà l'année d'avant quand nous étions allés dans ce secteur, nous avions eu ce genre d'ambiance au coucher de soleil. Ça doit y être propice.

La nuit a été plutôt bonne, la tente a bien encaissé les incessantes rafales de vent qui la fouetaient de flocons de neige.

Le lendemain matin nous avons continué notre route, passant par des ambiances très variées, allant du jour blanc aux parfaites heures dorées.

En chemin nous en avons aussi profité pour faire quelques exercices d'orientation avec la carte et la boussole.

La deuxième nuit a été très différente. Il était tard, nous étions plus bas, il n'y avait plus de neige, nous ne trouvions pas d'endroit où poser la tente. Nous avons donc fini dans le premier pré ouvert et plat que nous avons trouvé. Il faisait déjà nuit, il y avait du brouillard, on ne voyait rien autour, il faisait froid et humide, nous étions fatigués. Et bien même en étant à deux, ça a été très dur pour le moral. La leçon que j'en ai tiré est qu'il va falloir que je plante la tente le plus tôt possible, avant de me retrouver dans ce genre de conditions, car seul, ce sera encore plus dur.

Le Charmant Som

Mi décembre, j'ai acheté le gros du matériel qui me manquait : les skis et la pulka. Pour les skis, je n'en ai pas parlé, mais ce sont des skis de randonnée nordique. C'est un peu un mélange de skis de piste et de skis de fond. Ils sont assez larges mais ont des écailles sur à peu près les deux tiers de leur surface. Le pied est maintenu à l'avant mais libre à l'arrière. Il y a des cares métalliques, ce qui permet de tourner et dérapper comme avec des skis alpins. Par contre, les fixations ne déchaussent pas en cas de chute, donc ça peut faire très mal. Ce n'est pas fait pour aller vite, c'est plutôt fait pour couvrir de longues distances sur des terrains vallonés. De toutes manières, les écailles ont tendance à bien ralentir. Il n'y a pas forcément besoin de peaux de phoques pour les utiliser en montée, mais dans mon cas, j'en aurai car je vais tirer beaucoup de poids.

Il faut savoir qu'à la base je ne suis pas skieur, mais plutôt un raquetteux. Seulement, je trouvais ça un peu frustrant parfois en raquettes de ne pas pouvoir laisser glisser quand j'étais sur du plat ou sur une pente douce. Et bien ces skis sont exactement ce que je cherchais ! En raquettes, lorsque la neige est profonde, il faut en arracher son pied pour aller le poser plus loin. Là il suffit de pousser en avant à travers la neige. On avance en trainant des pieds. C'est pas mal ! 🙂

Bref ! Revenons à nos moutons !

J'ai donc cherché un endroit où aller m'entraîner avec tout ça, c'est à dire avec un dénivelé léger, une piste large et de la neige. J'ai tout de suite pensé au Charmant Som en Chartreuse sud au dessus de Grenoble. Je suis souvent allé randonner là bas l'été et la piste pour y monter m'a semblé être adaptée.

J'y suis donc allé avec uniquement les skis dans un premier temps, pour apprendre à en faire. Parce que oui, le mec se lance sur un trek de 400km avec un type de skis qu'il n'a jamais pratiqué !

 

La semaine suivante j'y suis retourné avec les skis, la pulka assez peu chargée pour voir comment elle se comporte, la tente, pour voir comment la planter dans la neige profonde, puis le réchaud essence pour apprendre à le maitriser.

Au final, j'étais tellement bien installé, que j'ai regretté de ne pas avoir prévu de dormir sur place.

Le rendez-vous était donc pris la semaine suivante, pour y retourner tout équipé 🙂

Je me suis donc lancé une nouvelle fois à l'assaut du Charmant Som le week-end d'après, mais avec la pulka bien chargée cette fois-ci et la ferme intention de dormir là haut. En fait, j'ai réalisé à ce moment là que je n'avais jamais vraiment dormi complètement seul en bivouac. Il y avait toujours soit Marion à côté, soit d'autres tentes au loin. Ça me faisait donc l'occasion de tester et de voir comment j'allais réagir.

Les 300 mètres de dénivelés qui m'ont fait rigoler les fois précédentes m'amusent déjà beaucoup moins avec le poids que je tire cette fois-ci. Bon, 300 mètres, normalement ça va être ma plus grosse journée sur la Kungsleden. Volontairement, je me mets dans des conditions difficiles. J'ai fait de la route avant, le petit déjeuner commence à être loin, j'ai faim, mais je me force à monter sans manger, pour m'entraîner à me pousser dans des moments foireux.

J'arrive au niveau du chalet en début d'après midi, je casse la croute, je me repose, puis je monte la tente. J'appréhendais de dormir en étant complètement isolé, mais en fait ça s'est plutôt bien passé. A ma grande surprise j'étais même assez serein. Le thermomètre indiquait -10° dehors, -5 à l'intérieur de la tente.

En regardant une dernière fois dehors avant d'aller me coucher, j'ai assisté au lancement d'une constellation de satellites de Space-X. C'est assez bizarre à voir et je pense que quand on voit ça sans savoir ce que c'est, ça peut même faire peur. Heureusement, j'avais lu un article à ce sujet quelques semaines avant donc j'ai vite compris.

Le lendemain matin j'avais mis mon réveil pour me sortir du sac de couchage un peu avant le lever de soleil, histoire d'avoir une chance de faire de belles photos. Au final je n'ai même pas eu besoin de sonnerie : j'ai toujours le sommeil assez léger les premières nuits en bivouac. En tout cas, mère nature m'a bien gâté, j'ai vu de chouettes paysages !

Je ne le savais pas encore à ce moment là, mais cet entrainement aura au final été le plus complet. Je n'ai plus eu l'occasion d'en refaire un de ce type là à cause des conditions météo qui n'ont pas été de mon côté. Heureusement, il s'est super bien passé et m'a fait prendre énormément confiance. Je me suis rendu compte ce jour là que lorsque je restais chez moi, je cogitais trop, mon esprit se remplissait de doutes. Mais une fois sur le terrain, je voyais que tout se passait bien, que je savais m'y prendre et que ça me plaisait.

Heureusement donc que j'ai pu faire cette sortie !

La Feclaz

A force d'aller au Charmant Som, j'ai fini par me lasser. J'avais constamment le nez sur la météo de Corrençon en Vercors car j'étais persuadé que c'était là bas que je pourrai le mieux m'entrainer. Malheureusement, les quelques chutes de neige qu'il y a eu ne coïncidaient jamais avec mes disponibilités.

Pour trouver de la variété, j'ai finalement regardé du côté du massif des Bauges, à la petite station de la Feclaz plus précisément.

J'y suis allé avec uniquement les skis dans un premier temps, fin 2019, pour faire du repérage et m'entrainer avec ces grandes spatules qui glissent. Je ne peux pas emmener la pulka partout. Il faut que je puisse accéder à la neige en voiture, sinon ça me fait trop de poids à transporter.

Mi février, j'y suis retourné pour faire ce qui aura été ma dernière session d'entrainement sur le terrain. J'y suis allé avec les skis, la pulka et ... de gros bidons remplis d'eau. Le but était de tester comment je m'en sortais en tirant un poids proche de celui que j'aurai lors de l'aventure. J'avais donc 2x20L d'eau, plus un sac à dos de 12kg, soit 52kg. J'aurai en moyenne ça quand je serai là haut. Je dis en moyenne car cela va fluctuer avec ma consommation de nourriture, d'eau et d'essence.

Sur le plat, pas de souci, ça se tire tout seul (à condition que la neige ne soit pas trop profonde non plus). Par contre en montée, ça se complique, ça tire énormément. Il va donc falloir que mes jambes prennent très vite le pli !

La Pesse

Wess ! Trankil ! La Pesse ?

Dans mes misères pour trouver des spots praticables pour faire du ski nordique et éventuellement tirer la pulka, j'ai eu une lueur d'espoir avec le chemin de la Grande Traversée du Jura (GTJ), qui passe par la petite station de La Pesse, près d'Oyonnax. J'y suis allé un weekend pour faire du repérage uniquement avec les skis car il était annoncé qu'il y avait suffisamment de neige. C'était le cas ! C'était juste parfait ! Le type de terrain idéal pour m'entrainer pour mon trip.

Des chutes de neige étaient annoncées pour la semaine suivante, nous avions donc prévu avec Marion d'y retourner le prochain weekend avec la pulka pour se faire une sorte de répétition générale. Malheureusement, il y a eu un redoux, les chutes de neige prévues n'étaient en fait que trois ou quatre flocons.

La neige est à nouveau tombée bien comme il faut cette dernière dizaine de jours, mais c'était trop tard pour moi. Les bagages étaient déjà en grande partie pliés.

Il n'y aura donc pas eu de grande répétition générale avant de partir, mais je suis plutôt en confiance par rapport à mon gros entrainement au Charmant Som.

Quelques randonnées à pieds

Au milieu de ces entrainements neigeux se sont greffés quelques randonnées toutes simples à pieds. Dans le Bugey, les monts d'or à côté de chez moi, le Pilat ou encore le Vercors.

J'aurais aimé pouvoir me faire plus de sorties avec la pulka et la tente, mais bon, les conditions n'ont pas été avec moi ce coup-ci.

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