La Kungsleden

"Oh mais non j'suis sotte c'est du suédois !"
Le 05/03/2020

Ceux qui n'ont pas reconnu la petite référence en en-tête de cet article, je vais vous demander de partir sans faire de vague s'il vous plait.

La Kungsleden : kezako ?

La Kungsleden est un sentier de trekking, d'été, comme d'hiver, d'environ 420km de long dans le grand nord de la Suède. Son nom signifie "la Voie Royale". Elle a été créée par la Svenska Turistföreningen, ou STF (ouais, on va dire STF à partir de maintenant hein ! 😀), une sorte d'association suédoise pour promouvoir le tourisme.

Officiellement, elle est divisée en quatre parties d'environ une semaine chacune, mais la troisième, beaucoup plus longue et compliquée, peut être divisée en deux (ce que je vais faire). La STF a implanté deux types de structures le long de la Kungsleden. Les "mountain stations", qui sont des sortes d'hôtels, avec l'électricité, l'eau courante et tout ce qu'il faut, et les "mountain cabins", des refuges plus petits avec des équipements plus rudimentaires. Attention, rudimentaire ne veut pas dire sans confort. Cela veut dire qu'il y a moins de places disponibles que dans les mountain stations, pas forcément l'eau courante ou l'électricité, mais certains sont tout de même équipés de sauna par exemple.

Les mountain stations se trouvent au début de chaque étape (donc pour simplifier à la fin de chaque semaine), et les mountain cabins le long du trajet, une par soir sur les étapes 1, 2 et 5. Il n'y a pas d'établissement STF sur les étapes 3 et 4, mais au milieu des deux, il y a le village de Jäckvik où il est possible de ravitailler et de dormir. La STF conseille très fortement de s'équiper d'une tente pour parcourir cette partie là.

A chaque fin d'étape il est possible de rejoindre la civilisation en prenant un bus qui emmène vers une ville ayant un aéroport. Dans les mountain stations ainsi que dans certains refuges, il y'a une petite supérette pour ravitailler. Je comptais là dessus au début, mais j'ai lu plusieurs conseils de randonneurs disant qu'il valait mieux prévoir avant car il n'y avait pas énormément de choix. Déjà que je suis assez difficile sur la nourriture, manger du lyophilisé et des nouilles chinoises pendant un mois ne m'enchante guère, alors si en plus il avait fallu alterner entre deux plats suédois pendant 30 jours, je pense que ça aurait été compliqué ! Du coup j'ai géré autrement. Je compte sur ces petites boutiques uniquement pour compléter au cas où.

Pour voir à quoi ça ressemble, je vous invite à aller voir ma page "carte en live".

La coupure entre les étapes un et deux s'effectue en bus. C'est la seule interruption du parcours.

J'ai rassemblé toutes ces informations sur des schémas pour s'y retrouver plus facilement.

Comme vous pouvez vous en douter, les parties les plus fréquentées sont celles équipées de refuges, donc les 1 et 2 au nord et la 5 au sud. Sur la première partie, il y a une alternative, pour aller jusqu'au Kebnekaise, le plus haut sommet suédois (2106m) et remonter à l'aéroport de Kiruna depuis Nikkaluokta. C'est souvent ce que font les agences de voyages, c'est plus pratique, ça fait une boucle. C'est d'ailleurs ce que va faire le groupe 66°Nord qui va partir en même temps que moi. Nos chemins vont donc se séparer au niveau du refuge de Singi.

Mon plan à moi

Chose très importante dont j'ai déjà parlé dans l'article précédent mais que je préfère répéter : mon plan n'est pas figé.

J'en ai un, parce qu'il faut bien avoir un plan pour ne pas partir n'importe où, mais il est amené à évoluer selon les conditions une fois sur place.

Je vais donc me lancer depuis le début nord, à Abisko et je vais essayer d'aller aussi loin que mes jambes et mon mental tiendrons. Si je vois que ça ne le fait vraiment pas, j'ai la possibilité de sortir chaque semaine. Je projette de m'arrêter à chaque mountain station, histoire de souffler un peu, recharger les batteries (au sens propre comme au figuré), prendre une douche, ravitailler s'il le faut.

Je n'envisage pas spécialement de m'arrêter dans les mountain cabins si tout se passe bien pour moi. Je les garde sous le coude si ça irait mal en tente, ou dans le cas où je serais malade, ou encore si une tempête était annoncée. Mais à l'inverse, je ne m'interdis pas non plus d'y aller si l'envie me prend. Peut être qu'un soir ça me fera du bien de voir du monde et de discuter, ou encore de me faire un petit sauna après une rude journée. Je le répète : je suis libre ! Je ferai donc aussi selon les envies du moment.

Je vais partir avec 15 jours de nourriture sur moi. Cela me permettra théoriquement de couvrir les sections 1 et 2, jusqu'à Kvikkjokk, avec un peu de marge. Il y a trois jours de ça, je me suis envoyé un carton de 15 autres jours de nourriture par la Poste à la mountain station de Kvikkjokk. J'espère que ça va arriver comme il faut, parce que sinon ça va compromettre grandement la deuxième moitié de mon aventure.

Dans l'idée, même si je n'y dors pas, je vais essayer de poser la tente près des refuges les premières nuits. Cela me permettra de me rassurer le temps de prendre confiance. Je m'éloignerai ensuite petit à petit selon si je me sens de le faire ou non. Arrivé au début de l'étape 3 se posera la question de savoir si je continue ou pas. Serai-je suffisamment en confiance pour me lancer sur une partie sans refuge, sans filet de sauvetage ? On verra ! 🙂

Si je ne le fais pas, je pourrai toujours graviter autour de Kvikkjokk, ou remonter dans le sens inverse et rejoindre des endroits où j'aurais aimé passer plus de temps à l'aller.

Mes craintes

Même si j'ai plutôt bien travaillé mon sujet, j'ai quelques sources d'inquiétude.

Les tempêtes pour commencer. On s'en était pris une bonne au Svalbard, j'ai déjà connu, certes, mais là bas j'avais des guides avec moi. J'avais donc placé entièrement ma confiance entre leurs mains. En journée ça ne me posera pas trop de problème. Je suis bien équipé, je ne devrais pas trop en souffrir. Mais si je ne peux pas poser la tente et qu'il n'y a pas de refuge, comment je fais ? Visiblement le long du chemin il y aurait quelques cabanes d'urgence ou des abris à vent. Encore faut-il qu'ils soient au bon endroit au bon moment. Après j'ai regardé comment à peu près faire un abris d'urgence dans la neige, mais j'espère ne pas avoir à en arriver là.

Mes autres soucis sont directement liés à un sujet bien d'actualité : le réchauffement climatique. Quand j'ai commencé à préparer ce projet, d'après les renseignements que j'avais, il fallait que je m'attende à des températures aux alentours de -10 / -15 en journée, avec potentiellement de gros creux jusqu'à -25, voire -30. Or là, à l'heure où j'écris ces lignes, on m'annonce au pire du -6 en journée et -10 la nuit. On me donne même du 0 pour mercredi.

Alors certes, vu comme ça, ça me simplifie un peu la vie, je ne devrais pas mourir de froid, sachant qu'un de mes entrainements qui s'est le mieux passé était à -10 (j'y reviendrai dans un autre article). Mais la question que je me pose c'est : est-ce que la température ne va pas continuer de monter au fur et à mesure de mon avancée ? Aurais-je encore suffisamment de neige sur la fin pour pouvoir tracter mes 50/60kg de pulka derrière moi ? Cette neige, ne sera-t-elle pas trop collante ? Et surtout ... surtout ... ce qui m'inquiète le plus : sera-t-il toujours possible de traverser les lacs gelés en toute sécurité ?

S'il y a bien un point qui peut remettre toute mon avancée en question, c'est le dernier. En été il y a un système de navettes motorisées sur les lacs organisé par les gardiens de refuges, ou alors il est possible d'utiliser des barques. Mais en hiver, si la glace est trop épaisse pour les bâteaux, mais pas assez pour supporter des randonneurs, comment on fait ?

Il y a une toute petite traversée sur la partie 1, mais en plein milieu des montagnes, je ne m'inquiète pas trop. De plus il y a un refuge juste avant pour demander. Par contre, pour rejoindre Saltoluokta, la deuxième mountain station au début de la partie 2, il faut se taper une longue traversée de 4km. J'espère que ça ne posera pas de problème. Je verrai ce qu'en disent les locaux.

Voilà, je pense avoir été à peu près exhaustif, n'hésitez pas à me demander dans les commentaires si vous avez des questions 🙂

 

Vos commentaires :

Par Altoz le 5 mars 2020 à 19:24
C'est le festival, toute cette pression ...
Par Altoz le 5 mars 2020 à 19:15
Ouah, un vrai Pro. Y'a pas grand chose à dire, juste : ne pas prendre de risques inconsidérés. Tu n'es pas M.H et c'est très bien comme ça.

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faut pas croire ce que disent les journaux