Cette aventure là

A chaque nouveau voyage nordique, j'essaie de faire quelque chose de différent et de repousser la limite un peu plus loin. Cette fois-ci, j'ai peut-être abusé, mais c'est comme ça qu'on avance non ?
Le 04/03/2020

L'origine de cette aventure

Elle aura été longue et compliquée cette dernière année depuis mon précédent séjour nordique. A peine rentré du Svalbard, j'ai dû faire face à de gros chamboulements dans ma vie professionnelle. Sans trop rentrer dans les détails, suite à plusieurs décisions et changements directionnels, j'ai vu l'équipe avec qui je prenais plaisir à travailler et à cotoyer depuis des années se faire détruire à petit feu. J'ai vu les gens que j'appréciais malmenés et craquer un à un. Au bout d'un moment, c'en était de trop, j'ai pris la décision de partir moi aussi car il fallait laisser tout ça derrière. Partir oui, mais quand ? Pour faire quoi ?

Depuis de nombreuses années, bien avant mes premiers voyages dans le grand nord d'ailleurs, je me dis "si ça tourne mal au boulot, j'en profiterai pour faire ça, ou ça". Et si c'était maintenant ? Et si c'était le moment pour faire quelque chose de plus grand que d'habitude ? Prendre le temps et marquer le coup ? Oui ! C'est maintenant qu'il faut se lancer ! Par chance, au milieu de tout ce bazar, j'ai pu négocier les conditions de mon départ. Ça me facilitera la tâche !

Reste plus qu'à décider de quoi faire. Plusieurs idées se bousculent au portillon. Faire une sorte de tour du monde par le nord, en prenant le Transsibérien depuis Moscou, passer par la Mongolie, redescendre à Pékin pour pouvoir prendre l'avion et remonter sur l'Alaska, le Canada, le Groënland, l'Islande... Oui ok, ça a l'air cool, mais j'ai peur de juste survoler et de ne pas vraiment prendre le temps d'approfondir. J'ai aussi pensé à aller à Ilulissat au Groënland. Trouver un petit boulot là bas, passer du temps sur place, voir la vie locale. J'avais trouvé une bonne piste pour faire ça en plus.

A cette période là, je m'étais plongé dans le livre 71 & autres faits d'hiver de Nathalie Courtet. Dans son bouquin, elle raconte ses 71 jours d'itinérance en skis et pulka dans le grand nord de la Finlande, Norvège et Suède. En le lisant je me disais "j'aimerais bien faire un truc comme ça, mais pas aussi long, pas aussi dur". Mais je ne savais pas vraiment où aller, ni comment me lancer car ça me paraissait compliqué à organiser (spoiler : ça l'est).
Et puis un jour, j'ai rencontré une personne fan des pays nordiques comme moi et qui m'a parlé de la Kungsleden. J'ai regardé sur Google de quoi il s'agissait et là j'ai eu une illumination. Un chemin de randonnée praticable l'hiver en skis pulka, bien balisé, relativement sécurisé, avec des refuges de grande classe au cas où, qui prend une trentaine de jours et divisable en plusieurs étapes ... c'est parfait !

Direction : la Suède !

Après avoir longuement étudié le budget, le matériel nécessaire et la faisabilité par un gugusse comme moi, je suis parti sur ce projet.

Je vais donc me lancer en solitaire avec mes skis, ma pulka et ma tente sur la Kungsleden en Suède. Avant d'aller plus loin, pour ceux qui ne le sauraient pas, une pulka, c'est ça :

C'est ce traineau ou grande luge qu'on tire derrière soi grâce à une corde ou un brancard, pour trainer ses affaires dans la neige.

Je parlerai de la Kungsleden plus longuement plus tard car elle mérite bien un article à elle toute seule. Mais pour résumer, il s'agit d'un long chemin de randonnée dans le grand nord de la Suède, qui démarre à Abisko et se termine à Hemavan. Elle se divise en cinq portions qui font à peu près une semaine chacune. Sur les sections 1, 2 et 5, on trouve des refuges gardés pour chaque soir. Les 3 et 4 sont beaucoup plus isolées. La piste est bien balisée et passe loin des zones à risques d'avalanche.

Partir plus de 30 jours tout seul dans le froid et en dormant sous une tente comme ça, ce n'est pas un peu trop ? Probablement que si. C'est pour cela que je n'arrête pas de me remettre en tête que mon objectif initial était de passer du temps dans le grand nord, pas de réussir un exploit sportif. Il faut que cette Kungsleden soit un fil rouge et pas un objectif. Si j'y arrive, tant mieux, si je n'y arrive pas, tant pis, ça m'aura fait une ligne directrice pour avancer et voir de belles choses. Alors je ne veux pas parler d'objectifs, car cela implique que si je ne les atteins pas, ce serait un échec. Or, organiser tout cela, oser me lancer là dedans et partir là haut aura déjà été quelque chose d'assez énorme pour moi et rien que ça c'est une victoire.

Je prends fréquemment des coups de chaud à me dire des choses telles que "mais si ça ne va pas alors que tu es engagé là dedans, comment tu vas faire ?". Alors pour me calmer je me dis qu'il est aussi possible que tout se passe bien, et que dans le pire des cas, je pourrai toujours finir en refuge. Rester sous ma tente seul toutes les nuits n'est pas un objectif non plus. Si je m'éclate à le faire, alors tant mieux. Dormir sous une aurore ça doit quand même être assez magique ! Mais si ça devient une torture autant arrêter et dormir au chaud. Ça ne m'empêchera pas de repartir le lendemain et de voir les mêmes paysages en journée.

L'avantage c'est que je vais commencer avec à peu près deux semaines de marche avec des refuges comme filet de secours le soir. Cela me laissera le temps de me mettre en confiance et de voir si je me sens de poursuivre sur les longues sections 3 et 4. Et si je ne me sens pas et bien j'improviserai. Je pourrai graviter autour du dernier refuge, revenir en sens inverse ...

Je suis libre en fait ! Et c'est ça qui est bien !

 

Le hasard fait bien les choses

Le 9 janvier, l'agence de voyage avec qui j'étais parti au Svalbard (66°Nord) organisait un évènement sur Lyon avec la projection d'un film tourné lors d'un de leurs séjours avec des personnes handicapées.

Je m'y suis rendu et je suis tombé sur Robin, un de mes guides. Nous avons longuement discuté de mon projet, car après m'avoir guidé pendant une semaine dans ce genre de conditions, qui pouvait être mieux placé que lui pour me donner son avis ?

Au début j'avais un peu peur qu'il me sorte un discours du genre "tu sais ce genre de séjour, il vaut mieux le faire avec un guide", mais en fait non, il s'est montré hyper enthousiaste. Il m'a dit que c'était une super bonne idée, que j'allais m'éclater, que niveau difficulté ce serait plus simple que ce qu'on avait fait au Svalbard. Ça m'a détendu un sacré grand coup ! 🙂

Et truc complètement inattendu, fait du hasard, il m'a aussi annoncé qu'Erica (l'autre guide du Svalbard) allait justement guider un groupe sur la première section de la Kungsleden, au départ d'Abisko le même jour que moi.

En fait, quand nous sommes rentrés de notre séjour l'an dernier, elle a enchaîné sur un tour de reconnaissance du début de la Kungsleden. Je l'ai donc contactée, elle m'a donné plein d'informations et de bons conseils, puis s'est elle aussi montrée très positive par rapport à mon projet.

Nous devrions nous croiser là haut puisque nous partons du même endroit le même jour. Je ne serai donc pas complètement tout seul pour démarrer puisque j'aurai un de mes mentors là bas 🙂 Bien sûr je ne vais pas aller parasiter son groupe car je n'ai pas payé pour le séjour, mais c'est tout de même rassurant de savoir qu'il y a quelqu'un que je connais sur place.

D'ailleurs au moment où j'écris ces lignes, elle est déjà là bas en train de guider un premier groupe. Il y aura donc moyen d'avoir des informations toutes fraîches quand j'arriverai.

Bon et pour finir pour ce soir, je n'en ai pas parlé, mais la date de départ est le 8 mars. Donc ce dimanche là qui arrive ! La pression monte ! Un peu trop d'ailleurs, j'ai du mal à me détendre là depuis quelques jours.

Aller hop, je reviens dès demain avec un article dans lequel je parlerai plus en détails de la Kungsleden, avec tout un tas de noms imprononçables !

Vos commentaires :

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article

Publier un commentaire :

faut pas croire ce que disent les journaux