Bilan rafraichissant

Nous sommes en juin, en pleine canicule. J'ai besoin de fraîcheur. Il est temps de se lancer dans le bilan de ma dernière aventure nordique, pour faire baisser la température !
Le 19/06/2022

En chiffres

Allez ! Pour commencer ce petit bilan, voici quelques chiffres :

- je suis resté 10 jours sur le terrain,
- j'ai passé 9 nuits dans le parc : 4 en tente, 5 en cabane,
- j'ai parcouru au total 135km,
- ma vitesse moyenne chaque jour était comprise entre 1 et 2km/h (pauses comprises),
- j'ai pris environ 1800 photos,
- la température ressentie la plus basse était d'environ -25°,
- la température réelle la plus basse par laquelle j'ai dormi sous tente était de -18°,
- je suis rentré avec seulement une petite ampoule,
- un rêve réalisé : celui de dormir en tente sous les aurores,
- j'ai vidé 4 batteries de mon appareil photo,
- il m'aura fallu 3 tentatives avant de réussir à me plonger dans le bain glacé.

Voilà ! Ça ne veut pas dire grand chose, mais ça fait toujours des petites stats amusantes 😊

Au total, j'ai parcouru un peu plus de kilomètres que sur la Kungsleden. Mais je suis resté aussi plus de temps. Mes étapes étaient plus courtes (à part certaines) et moins intenses.

J'aurais aimé passer plus de nuits sous tentes, mais je ne me suis pas mis la pression par rapport à ça, alors ce n'est pas très grave.

Mon ressenti

Il m'a fait du bien ce séjour !

C'est vraiment ce dont j'avais besoin après le semi échec au goût très amer sur la Kungsleden deux ans auparavant. J'avais besoin de me remettre en confiance, de retrouver du plaisir à faire ce genre de choses. J'ai mis de côté l'aspect sportif pour me concentrer sur la photo et le fait de simplement passer du temps là haut, sans me presser.

C'était l'inverse d'il y a deux ans. Sur la Kungsleden, ça avait bien commencé et s'était très mal terminé. Cette fois-ci, ça a très mal commencé, mais ça s'est fini en beauté. Je ne vous cache pas que je préfère très largement ce sens là ! En espérant que la prochaine fois, ça se passera bien du début à la fin !

Le coup de stress du premier jour à cause des bagages retardés, c'était ma hantise. Je savais que ça arriverait probablement un jour. On n'y peut rien, et à part de se faire un sang d'encre, ça n'apporte absolument rien. Il n'y a pas vraiment de leçon à en retenir. Il n'y a qu'à croiser les doigts pour que ça n'arrive pas.
En revanche, je tire quand même des choses positives du coup du sort suivant, avec l'histoire du réchaud pour lequel on ne m'a pas vendu le bon carburant. Ça m'a beaucoup agacé de découvrir ça sur le terrain. Mais ça m'a aussi fait du bien de voir que je ne perdais pas mon sang froid, que je n'abandonnais pas et que je cherchais puis trouvais des solutions. Je suis assez fier de moi de ne pas avoir craqué à ce moment là et de m'en être aussi bien sorti.

Les jours suivants ont été un peu délicats au niveau du moral, à cause de ces épreuves, puis de la météo et des paysages qui ne correspondaient pas vraiment à ce que j'espérais. Je me suis posé la question de savoir si ce que je voyais méritait vraiment tout le mal que je me suis donné. Si je ne commençais pas à me lasser des paysages nordiques. Heureusement, ce n'était que temporaire ! Les choses se sont grandement améliorées quand le ciel s'est enfin ouvert lors de mon dernier jour au lac Luirojärvi.

J'en ai vu d'à peu près toutes les couleurs, et c'est ce que je voulais !

L'équipement

Si j'ai été plus serein que la dernière fois, c'est aussi car j'avais plus confiance en mon équipement. Ma nouvelle tente est beaucoup plus rassurante que la précédente. Je n'avais pas peur d'encaisser du vent avec celle-ci. Mais heureusement, je n'en ai même pas eu l'occasion. Le seul bémol est que je la trouve moins pratique à monter en étant tout seul. Mais niveau robustesse, ça n'a rien à voir. On ne peut pas tout avoir !

Idem pour ma nouvelle veste grand froid. Même si je n'ai jamais eu à me plaindre de la parka North Face que j'utilisais avant, le fait de savoir que ma nouvelle grosse doudoune en duvet était taillée pour descendre à des températures encore plus basses était vraiment rassurant.

Je ne regrette pas d'avoir pris mes raquettes en plus de mes skis. Certes, cela m'a fait du poids en plus à tirer dans la pulka, mais c'était beaucoup plus pratique pour se déplacer autour du camp. Même si je n'en ai pas eu besoin cette fois-ci, c'était rassurant aussi de savoir que j'avais cette solution là au cas où les skis ne passeraient pas sur des pentes très raides.

Le seul élément de mon équipement par lequel je n'ai pas vraiment été convaincu est le sac de couchage. J'ai pourtant pris une marque connue et reconnue pour sa qualité, dans le monde de l'alpinisme notamment, avec un de leurs modèles les plus performants. Mais ça ne m'a pas empêché d'avoir un peu froid pendant la nuit. J'ai tenté des techniques avancées pour gérer au mieux l'humidité corporelle, qui pose problème avec les duvets sur les longs treks. Mais je n'ai pas trouvé ça très efficace, ni confortable. J'aurais peut-être dû rester avec mon bon vieux gros sac de couchage en synthétique. Mais ça pose d'autres problèmes. Le poids et l'encombrement notamment. Il n'y a pas de solution miracle.

Après la Kungsleden, j'avais dit qu'il fallait que je m'allège, que j'étais beaucoup trop chargé. Là finalement, j'avais à peu près le même poids et ça m'a moins dérangé. Est-ce parce que j'ai eu des conditions de glisse plus faciles ? Ou parce que mine de rien, avec le temps, j'ai pris un peu plus de force dans les jambes ? Peut-être aussi que j'ai mieux géré mon temps et ma fatigue cette fois-ci. Mon objectif n'était pas le même, je ne cherchais pas à boucler des étapes et à avancer coûte que coûte (et c'est bien ! 😊).

Le plus gros problème de poids que j'ai eu cette fois, c'était pour tout faire passer dans les bagages en avion. De ce côté là, il faut vraiment que je trouve des solutions pour m'alléger. Là où j'ai la plus grosse marge de manœuvre je pense, c'est sur le matériel photo et vidéo, puis sur toutes les batteries qu'il me faut pour faire fonctionner tout ça. Ça fait un moment que je réfléchis à investir dans du matériel beaucoup plus léger. Quite à perdre un peu en qualité.

La nourriture

J'avais dit la fois précédente que je n'étais pas très satisfait de mon alimentation. Malgré ça, pour cette fois-ci, je n'ai pas changé grand chose. J'ai seulement remplacé les nouilles chinoises du midi par de la polenta ou de la semoule avec des raisins secs. C'est beaucoup moins écœurant je trouve. Puis petite nouveauté : j'ai rajouté de la viande séchée et j'ai bien aimé.
Au final, étrangement, j'ai été plutôt satisfait de mon alimentation cette fois-ci. Je me suis moins lassé des lyophilisés que sur la Kungsleden. Je les avais peut-être un peu plus variés. J'ai mieux dosé les petits en-cas. J'étais plutôt bon sur la quantité prévue car je ne suis pas rentré avec grand chose et je n'ai pas eu faim sur le terrain.

Alors je me suis fait un petit papier sur lequel j'ai noté tout ce que je m'étais pris et je repartirai certainement sur les mêmes choses la prochaine fois.

Les gens, la solitude

Je tire un peu la même conclusion que sur la Kungsleden à ce niveau là. Je n'ai pas vraiment de problème avec la solitude. J'accepte assez bien le fait d'être seul et isolé. C'est un peu un challenge, car il faut gérer ses peurs et ses angoisses, mais ça renforce de voir qu'on arrive à les surmonter. Ça me fait du bien de me retrouver seul face à moi même.

Mais cela ne m'empêche pas d'apprécier la compagnie ! Ce que j'aime dans ce genre de situation, c'est qu'il y a une forme de camaraderie et d'entre-aide qui se créé très vite avec les autres. Je repense aux hollandais qui m'avaient écrit des messages d'encouragement dans la neige en sachant que je passerai après eux. Ou qui m'ont fait une petite haie d'honneur en arrivant à Lankojarvi. Ou à Kristina, la guide finlandaise qui venait discuter et me donner des bons plans quand j'étais à Rautulampi. En revanche, quand il commence à y avoir trop de monde d'un coup, comme le premier jour à Luirojärvi, ou des gens désagréables comme ce gars qui se foutait de moi parce que je ne parlais pas finnois le dernier soir, je décroche. Ça me fait baisser le moral, j'ai envie de fuir, d'aller dehors et de me tenir loin de tout ça.

Comme le dit l'adage, il vaut mieux être seul que mal accompagné ! Mais si on peut-être bien accompagné, c'est encore mieux ! 😊

La suite ?

On me demande souvent si j'ai envie de repartir et où.

Lorsque j'étais là bas, je me disais tout le temps "c'est quand même dur, est-ce que j'ai vraiment envie de remettre ça ?". Mais à peine rentré, ça me manquait déjà. Alors oui ! Oui, j'ai envie de repartir 😊

Mais peut-être pas seul la prochaine fois. J'ai réussi mon défi, j'ai réussi à me montrer que j'étais capable de faire tout ça tout seul. Maintenant, il est temps de partager ce genre d'aventure avec d'autres personnes. J'aimerais tellement pouvoir faire découvrir le monde nordique à mes proches, autrement qu'en leur montrant en photos 😊

Je pense donc que pour la prochaine fois, soit j'arrive à embarquer des gens avec moi, soit je me reprends un séjour organisé par une agence, comme j'avais fait en 2019 au Svalbard, mais peut être encore un peu plus engagé. J'avoue que le Svalbard me démange à nouveau...

The end !

Voilà ! Vous savez tout !

J'espère avoir réussi à vous rafraichir un peu avec mes photos de neige.

Une nouvelle fois, un grand merci à tout ceux qui m'ont suivi de près ou de loin lors de cette aventure !

Je vais essayer de vous faire prochainement un récapitulatif des photos prises lors de ce séjour.

À la prochaine !

Vos commentaires :

Par Dominique Martin le 20 décembre 2023 à 17:07
Bonjour Sylvain, Je "tombe" sur votre récit en faisant des recherches sur le parc d'Urho Kekkosen. J'ai fait mes réservations pour le mois de mars 24. Merci pour ce partage. A la fois très bien écrit et bien documenté. Je prendrai également le temps de lire votre récit de la Kungsleden que je connais bien pour l'avoir fait plusieurs fois :) Ma page perso si vous voulez des idées de trek (tentez le Groënland !). Nous avons un peu la même approche du trek : carpe diem. www.dominique-martin.fr
Par Anne le 16 août 2022 à 19:21
quel témoignage fascinant, inspirant; je ne sais pas si j’oserais le faire mais c’est un rêve. Je vais de ce pas suivre vos récits et qui sait, partir un jour?
Par Catherine Marie le 20 juin 2022 à 22:04
Bravo Sylvain ! Ça fait du bien ! Même si en Normandie on ne souffre pas trop de la chaleur. C'était un beau voyage dont tu exprimes bien l'intérêt pour toi. Nous te suivrons dans tes prochaines aventures au cours desquelles ta maman se fera encore un peu de souci! 😱 A bientôt donc!

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