Jour 3 - C'est enfin le départ !

Après presque deux jours ultra stressants à attendre mes bagages, il est enfin temps de me lancer dans ce pourquoi je suis là : partir à l'aventure dans le parc national Urho Kekkonen !
Le 23/03/2022

Encore un peu de préparation

Ça y est ! C'est enfin le grand jour du départ ! Le vrai, le bon ! Pour commencer, je vais prendre mon petit déjeuner au restaurant de l'hôtel vu que c'est inclu dans le prix de la chambre (il vaut mieux vu ce que ça coûte !).

Ensuite, je me suis attelé à la lourde tâche de sortir toutes mes affaires pour aller préparer définitivement la pulka dehors. Puis, je suis allé rendre ma clé et confier à l'hôtel mes quelques bagages et affaires que je n'ai pas besoin d'emmener avec moi sur le terrain. Ça fait toujours ça de gagné en place et en poids.

À l'accueil de l'hôtel, il y'a une sorte de garde du parc qui tient un petit stand. Je vais le voir en lui montrant mon itinéraire. Il me dit que la partie centrale, au nord du lac Luirojarvi est déconseillée car personne n'y passe. La trace n'est pas faite, la neige est très profonde, c'est difficilement praticable. Ok ! Ça ne me surprend pas et ce n'est pas bien grave. Comme je l'avais dit, l'itinéraire que j'avais prévu n'était pas définitif, c'était plus pour avoir un point de repère qu'autre chose. Il me dit que les gens font souvent l'aller retour au lac Luirojarvi. Bon, je verrai une fois sur le terrain comment ça se présente.

Vers 10H30, me voilà enfin prêt à partir, devant la porte d'entrée de Kiilopää.

C'est parti !

Je me lance enfin. La piste est tassée, damée, c'est l'autoroute. Je suis dans la zone touristique, beaucoup de personnes passent par là en skis de fond. Ça glisse tout seul, la pulka ne se sent presque pas sur ce genre de terrain.

Le soleil a l'air de vouloir être de la partie, bien qu'il soit masqué de temps à autre par une fine couche de nuages. Le vent aussi a l'air de vouloir se faire remarquer. C'était prévu. Mais dans cette zone là, pour le moment, ça va, il ne souffle pas trop fort.

Je ne me presse pas, je m'arrête pour faire quelques photos. Zut ! La poisse continue, maintenant c'est l'autofocus de mon objectif standard qui me lâche. Bon, c'est mineur comme problème par rapport à ce que j'ai eu jusque là. Je peux toujours faire le focus en manuel même si c'est moins pratique.

C'est assez joli. Le vent lève la neige, ce qui donne des paillettes qui brillent un peu partout avec le soleil.

Sur la Kungsleden, je suivais les croix rouges. Ici elles sont bleues.

Au moment de faire une mini pause pour récupérer quelque chose dans ma pulka, un lagopède (ces grosses perdrix blanches, je le rappelle pour ceux qui ne suivent pas 😊) surgi de nul part et vient se poser sous le sapin juste en face de moi. Très rapidement, il sera rejoint par un deuxième. Ça se présente plutôt bien ! Moi qui voulait faire de la photo animalière, je n'aurais pas tardé à avoir mes premiers sujets !

Je me suis précipité sur mon téléobjectif pour le monter sur mon appareil photo. Mais au moment où j'ai mis l'œil dans mon viseur, deux gars sont arrivés par en face avec un husky, ce qui a fait fuir mes sujets. Zut ! Ce ne sera pas pour cette fois ! J'ai pris un peu de temps pour essayer de retrouver leurs traces. Mais deux petites boules dans cette immensité blanche, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Aller ! Je me remets en marche, j'aurai certainement d'autres opportunités plus tard.

Zone reculée

C'est vers midi que j'ai quitté la piste damée de la zone touristique pour entrer dans ce qu'ils appellent la zone reculée. La trace est moins marquée, mais reste tout de même facilement praticable. À cet endroit la neige est balayée par le vent et est donc très dure. La difficulté est montée d'un tout petit cran, mais vraiment pas grand chose. En revanche, le vent commence à devenir beaucoup plus costaud.

C'est la mi-journée, mais je n'ai pas faim. J'ai fait exprès de prendre un petit déjeuner assez copieux le matin. Je n'ai donc pas envie de m'arrêter là en plein milieu de nul part pour me forcer à manger, avec le vent qui me gêle la tête et les doigts.

En début d'après-midi, le vent a encore forci et m'arrive en pleine face. La météo m'annonçait des rafales à 50km/h et une température ressentie d'au moins -20°. Clairement, on y est !

Ça devient compliqué de me protéger le visage tout en évitant la buée sur mes lunettes de soleil.

Au bout d'un moment, lassé de devoir continuellement m'arrêter pour balayer mes verres, j'ai décidé de m'équiper autrement. De plus, avec le vent froid qui me frappe en pleine tête, j'ai peur que les petits espaces non protégés de mon visage ne commencent à geler.

J'ai donc sorti pour la toute première fois depuis que je l'ai achetée il y'a trois ans pour le Svalbard, ma cagoule coupe vent. Associée à mon masque de ski, me voilà bien mieux armé ! La cagoule est faite pour que le flux d'air évacué par le nez ne vienne pas finir sur ma visière. Je gagne donc en protection et en visibilité. Parfait !

Mais il n'y a pas que mon visage qui souffre à ce moment là. Mes mains commencent à être très limite. Un peu trop même ! Mes fidèles petits gants fins en laine mérinos ne suffisent plus ! La chaleur qu'ils m'apportent habituellement est balayée par cette immense soufflerie qui a l'air bien décidée à m'en faire baver. Je rajoute alors par dessus mes grosses moufles pour retrouver la sensibilité dans mes doigts. Cela faisait une éternité que je n'avais pas eu besoin de les utiliser celles-ci. C'est dire si à ce moment là, le froid était mordant !

Une fois mieux protégé, j'ai pu reprendre mon chemin et commencer à apprécier un peu plus les paysages éclairés par un soleil de plus en plus tamisé.

La trace commence à redescendre un peu, en direction d'arbres au loin. Ce sera très certainement plus à l'abri du vent. Je pense que je poserai la tente par là bas si ça souffle moins. Je n'ai pas envie de monter mon premier camp au dernier moment, dans la précipitation. Je veux pouvoir prendre mon temps.

Il y'a des empreintes d'animaux de partout, mais leurs propriétaires ne sont pas là.

J'arrive à l'abri de Suomunlatva, qui était un des premiers points que j'avais notés sur ma carte.

Ces petits abris sont surtout là pour l'été. Mais je sais que je pourrais tout de même compter dessus en cas de pépin avec ma tente.

Un peu plus loin, je passe sur un pont de neige au dessus du petit ruisseau.

Je me rapproche des arbres, et comme prévu, le vent est moins fort par ici.

Premier bivouac

Il est environ 15 heures. Le soleil se couche un peu après 17 heures. Aller ! Je suis dans une zone à peu près abritée. Il y'a des arbres pour me protéger du vent et conserver un peu mon de mon rayonnement thermique pendant la nuit. C'est plat. J'ai aperçu une tente au loin et ses propriétaires sont en train de se promener avec leurs chiens. C'est toujours rassurant d'avoir du monde pas loin, surtout pour débuter. C'est décidé, je vais monter mon premier camp ici !

J'ai passé un bon moment à préparer le terrain. La neige est tellement profonde et légère qu'il faut passer un temps fou pour la tasser. Et encore ! Ça ne suffit même pas ! Après avoir posé mes skis pour entrer sous ma tente et creuser la fosse à froid, je me suis enfoncé jusqu'en haut des cuisses. Bon eh bien ... ok ! C'est aussi pour cette raison que j'avais emmené mes raquettes et je ne regrette absolument pas ce choix malgré les 2kg supplémentaires dans la pulka.

Bref ! Une bonne heure plus tard, la tente était enfin montée !

Et patatra (bis) !

La tente installée, j'ai enfin pu me lancer dans le débalage de mes affaires pour la nuit. Gonflable du matelas, décompression du sac de couchage, changement de vêtements pour en mettre des secs...

Une fois toute cette petite routine terminée, je me suis lancé dans l'allumage de mon réchaud. Je vais fondre de la neige afin de me faire de l'eau qui me servira pour manger. J'ouvre alors une bouteille du carburant acheté la veille à l'hôtel pour remplir mon réservoir. Tiens ! L'odeur est étrange pour de l'essence. Ma foi ! C'est peut-être un truc spécial qu'ils ont ici, optimisé pour l'hiver !

Au préchauffage du réchaud, la flamme est devenue verte. Encore plus étrange ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? Une fois le préchauffage terminé, le réchaud se met à crachouiller et à faire une flamme à peu près bleue (normal). Mais ça ne tient pas. Ça se coupe tout de suite derrière. Heuuu ... ok ... je n'ai pas dû assez préchauffer. Je recommence donc l'opération en laissant préchauffer plus longtemps. Mais rien n'y fait. Le résultat est le même à chaque fois. Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

Au bout d'un moment, j'ai fini par prendre mon téélphone satellite pour envoyer un message à ma copine et lui demander qu'elle fasse des recherches pour moi sur ces flammes vertes et le fait que ça ne démarre pas. Je lui ai envoyé le nom écrit sur la bouteille pour l'aider à chercher. Je lui avais laissé le manuel de mon réchaud, justement pour qu'elle puisse regarder pile poil dans ce genre de cas. Elle a fini par me trouver l'explication : mon réchaud ne fonctionne pas avec le d'alcool et les bouteilles qu'ils m'ont vendues c'est ... de l'alcool ... MAIS B*RDEL ! Mais c'est pas vrai !

J'avais demandé à la boutique en montrant la bouteille si c'était de l'essence blanche (white gas en anglais), ce à quoi la vendeuse m'avait répondu "Oui, c'est pour les réchauds à liquides". Parfait ! C'est ce qu'il me fallait. Sauf qu'en fait c'était de l'alcool ! Et comme je ne parle pas finnois, je n'ai pas pu me rendre compte que ce n'était pas ce que je voulais en lisant la bouteille.

Quelle poisse ! Encore ! C'est pas possible ! Quelle galère ce voyage !

Pour ce soir, ça ira car j'avais eu le réflexe d'acheter une petite cartouche de gaz classique en plus de mes bouteilles de supposée essence en cas d'urgence. Mais pour la suite ?

Doutes

La suite ! Que faire ? Vaste question !

Retourner à l'hôtel ? Je suis à un jour de marche. Ça voudrait dire une journée pour y retourner, passer une nuit là bas, à 100€ la chambre, puis à nouveau une journée pour revenir ici. Avec la journée déjà perdue pour les bagages, ça me ferait trois jours de perdus sur ce que j'avais prévu. Ça commence vraiment à faire beaucoup ! Sans compter le prix de la chambre, le fait que je vais encore devoir me taper un transfert d'affaires depuis la pulka.

Mais franchement, j'ai clairement la poisse pour ce séjour ! Est-ce que j'ai vraiment envie de continuer dans ces conditions ? D'abord les bagages, maintenant ça ... Qu'est-ce qui va se passer de foireux ensuite encore ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup de prendre le risque de continuer alors que le sort semble vouloir s'acharner contre moi ?

Abandonner ? Non mais non put*** ! Après tout ce que j'ai investi, en argent, en temps et en énergie dans ce séjour, ce serait une catastrophe ! Ça me rappelle la Kungsleden tiens ! J'ai dû faire face aux mêmes interrogations.

Pfff ! Me voilà tout seul sous ma tente, dans le froid, avec des moyens de communication extrêment limités, à devoir prendre une décision.

Bon ! Je ne pourrai rien faire ce soir de toute façon. Ça ne sert à rien de s'acharner. On dit que la nuit porte conseil, alors je vais aller me coucher et on verra demain.

En faisant un petit tour en raquettes dehors pour réchauffer mon corps avant de me glisser dans le sac de couchage, une nouvelle idée m'a traversé l'esprit. J'ai souvenir qu'il était écrit quelque part que certaines cabanes qu'on peut trouver le long du parcour, sont équipées d'une gazinière en libre service.

Hum ... ça peut être pas mal ça tiens ! J'étudierai cette option demain. Au lit !

Miraculeusement, malgré tous ces soucis et mes difficultés habituelles pour trouver le sommeil en bivouac, j'ai passé plutôt une bonne nuit.

Vos commentaires :

Par Patrick le 24 mars 2022 à 09:59
Coucou Sylvain, bon courage c'est presque un métier tout ça ! Patrick le psy du Kungsleden

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faut pas croire ce que disent les journaux