Le choix de la destination
Aller, cette fois-ci on rentre dans le vif du sujet. Je vais vous parler de la manière dont ça s'est passé pour le choix de ma destination. Parce que oui, cette fois-ci, ça n'a pas été simple et il y a des choses à raconter.
Comme je l'avais annoncé, à peine rentré de Finlande, j'avais déjà envie de repartir là haut et il était donc évident que mon prochain voyage serait à nouveau nordique. Quand j'en ai parlé autour de moi, j'ai entendu quelques personnes me dire des choses du genre "Mais tu n'as pas envie d'autre chose ?", "Tu ne t'en lasses pas ? ça doit être toujours un petit peu pareil non ?". Et bien non ! Je ne m'en lasse pas et je n'ai pas envie d'autre chose (enfin ... si, j'ai envie de faire plein d'autres choses, mais il faut faire des choix, ou gagner au loto 🙂). En fait si on regarde bien, mes deux premiers voyages nordiques étaient relativement différents et n'avaient au final en commun que la neige et le froid. Les paysages n'avaient rien à voir entre les côtes découpées norvégiennes et les grandes étendues ouvertes finlandaises. Quelque part c'est un peu comme si je vous disais "Mais pourquoi tu vas en Espagne ? Tu es allé en Italie l'année dernière !". Donc tout ça pour dire : oui, je retourne au nord, mais non, ce ne sera pas la même chose ! 🙂 Je n'ai jamais ressenti de sensations aussi intenses que quand j'étais là bas.
J'ai réfléchi à plusieurs options. La Suède, vers Kiruna ? Comme ça je pourrais me dire "j'ai fait les trois pays". Ok, l'idée est cool, mais là pour le coup, je vous l'accorde, ça ressemblerait beaucoup à ce que j'ai fait l'année précédente, alors je veux un peu plus de changement. Monter un peu plus au nord en Finlande, vers Inari, là où j'envisageais d'aller à un moment ? Ouais ... pourquoi pas ! Mais pareil, ça va se ressembler un peu même s'il y avait l'air d'y avoir des paysages un peu plus différents et une faune plus riche. Ou retourner dans le grand nord norvégien, encore plus haut que Tromsø, genre vers Alta, aller à Nordkapp, le point le plus au nord du continent Européen. Oui ... ça, ça me chauffe déjà un peu plus, mais ça resterait tout de même assez proche de ce que j'ai vu il y a deux ans.
Non, j'aimerais quelque chose qui tranche plus. Je pense à l'Islande. Très différent, très varié, c'était mon rêve absolu pendant des années. Ouais ! Là on commence à avoir un bon candidat ! Sauf qu'en fait je vous mens un petit peu, parce qu'à ce moment là de ma réflexion je me mentais à moi aussi. J'avais une autre idée derrière la tête depuis le début mais je n'osais pas trop me l'avouer. Mes randonnées nocturnes finlandaises en solo (lire les articles là et là) m'ont donné des ailes et des envies d'aventure. Cette destination qui reste collée dans mon esprit, c'est le Svalbard. "Hein ? C'est quoi ça ?" (réaction vue de nombreuses fois 😀). Alors pour faire court, parce que nous aurons l'occasion d'en reparler (beaucoup) plus longuement, il s'agit d'un archipel norvégien situé pas très loin du pôle nord. Là ce serait très différent, très sauvage, bien plus au nord que là où j'aurais pu m'imaginer aller il y a encore quelques années. Mais aussi beaucoup plus dangereux. C'est l'Arctique, le vrai, avec de la banquise, des glaciers, des tempêtes et surtout ... la plus grosse densité au monde d'ours polaires. Là, des petites étoiles s'allument dans mes yeux. Il faut cependant être réaliste : si les locaux sortent tous avec le fusil à l'épaule, c'est pour une bonne raison.
Ce n'est pas parce que je ne me sens plus pisser parce que j'ai fait des rando en solo par -30° que je suis prêt à affronter ça dans un voyage en autonomie comme j'ai fait jusque là. Mais ce qui est sûr, c'est que ça me fait envie. Alors l'idée reste là, pendant que je continue à étudier d'autres options. L'hiver prochain est dans un an, j'ai le temps d'y réfléchir ! 🙂
Un an, c'est long !
Une fois rentré, j'ai eu envie de continuer sur ma lancée. ça a vraiment déclenché un petit quelque chose en moi ces randonnées polaires. J'ai pris confiance, ça m'a décoincé. Alors j'ai réfléchis à un moyen d'entretenir ça, et même de le travailler. Faire un truc qui m'apportera de l'expérience pour mes prochains voyages. Bien sûr pour continuer à me dépasser, j'ai poursuivi les séances d'escalade que nous avions commencé à faire un an plus tôt avec mon amie et collègue Marion. On a même augmenté un peu la cadence (enfin ... des fois 😀). Puis avant le printemps, j'ai décidé de m'équiper en matériel de bivouac. Tente, matelas, sac de couchage, gros sac de trekk, réchaud et j'en passe. En plus ça tombe bien, Marion est déjà rompue à l'exercice, alors j'ai une bonne prof 🙂
On a donc commencé à se faire des petites randonnées bivouac à deux. J'ai même pu prendre ma revanche sur l'allumage du feu en Finlande.
Puis un jour j'ai fini par me lancer en solo.
Massif de la Chartreuse Charmant Som
Et pendant l'été, je me suis fait un peu violence pour passer un cap supplémentaire et partir pour plusieurs nuits (bon ok, juste deux), en faisant une petite boucle de trois jours dans les écrins, seul (mais quand même avec mon pote Manu expert des montagnes qui me motivait à distance quand la 4G passait 😉).
Lac du Lauvitel Lac de la Muzelle
Bon et sinon j'ai beaucoup aimé ce message :
C'est tout bête mais ça m'a fait un petit quelque chose de lire ça. Je me dis juste que c'est dommage que ceux qui passent par là ne sont peut être pas les plus visés. Quoique ...
Alors oui, on a eu quelques galères (surtout les fois où on était deux bizarrement). On s'est fait réveiller par un orage qui nous fonçait (presque) dessus à 5 heures du matin face au Mont Blanc, puis par un cheval qui s'est mis à lécher la rosée sur la tente avant de commencer à frotter ses sabots dessus, une bouteille de gaz s'est mise à fuir et on a bien cru qu'elle allait nous péter à la tronche. Mais à chaque fois ça laisse de superbes souvenirs et on a le droit à de belles récompenses. Le fait de faire un bivouac nous permet d'être là où c'est chouette au moment où c'est le plus beau, à savoir au lever et au coucher du soleil.
Bon pour info, depuis le coup de l'orage, c'est un peu devenu ma hantise. Maintenant avant de partir, je regarde toutes les météos du monde et je m'assure qu'aucune ne prévoi un orage dans ma zone pour les 10 ans à venir.
Charmant Som - episode II Dent de Crolles Petit Croisse Baulet
Pour la petite histoire, la photo de la Dent de Crolles a été republiée par l'office du tourisme de la Chartreuse.
"On s'en fout ! C'est quoi le rapport ?"
Ben le rapport déjà c'est que j'avais envie de montrer ces photos et de raconter tout ça parce que ça me rappelle plein de bonnes choses et aussi parce c'est mon blog, je fais ce que je veux ! Ensuite, parce que tout ça m'a donné envie de poursuivre dans la lignée et de continuer à prendre goût à l'aventure.
Puis parce que ça nous amène à la fin de l'été et qu'il fallait commencer à prendre une décision pour ma destination 2019 afin de concrétiser un peu le projet.
Le Svalbard ! Je n'en démords pas, l'idée est toujours là. Il faut un fusil pour se balader là bas ? Ok ! Comment on fait pour pouvoir en louer un ? Présenter un extrait de casier judiciaire vierge, faire une demande d'autorisation auprès du gouverneur local et convaincre qu'on saura se servir de l'arme. Bon ... mes deux braquages à main armée ne devraient pas trop poser de problème 😀
Alors j'ai demandé mon extrait de casier judiciaire, puis je me suis renseigné pour savoir s'il était possible de faire une initiation dans un stand de tir vers chez moi.
En parallèle de ça j'ai commencé à regarder les vols. Tarif correct. Pas pire que pour Tromsø et Kittila. Puis le logement : aïe ! ça pique. C'est minuscule, isolé, donc forcément, ça coûte cher.
Puis je suis revenu à la raison : ce n'est pas parce que je fais des randos qui sortent un peu de l'ordinaire depuis 6 mois que je suis prêt à affronter ce genre de conditions. J'aurais l'air malin si je vais là-bas puis que je n'ose pas sortir de ma chambre ou de la ville de peur de me faire tomber dessus par un ours, ou tout simplement de me faire avoir par les pièges de l'Arctique.
Alors j'ai réfléchi longuement, puis j'ai ressorti l'option de l'Islande. Ouais ! ça c'est un bon trip ! Quand je vois le budget que j'étais prêt à lâcher pour 10 jours en solo au Svalbard, je me dis qu'il y a moyen de faire un bon séjour là bas. Je regarde ce qui me reste à poser comme congés : trois semaines ! Niveau sousous ça colle. J'ai de quoi me faire trois semaines, oui, trois semaines en road trip solo en Islande. WOW ! C'est ce dont j'ai rêvé pendant des années. Alors j'ai regardé ce que je pouvais faire là bas, j'ai trouvé des trucs trop cool, du genre faire de la plongée dans la faille où les plaques tectoniques se rencontrent, un des endroits avec l'eau la plus claire du monde.
Attention hein ! Quand je parle de tectonique, c'est un truc de géologie hein, rien à voir avec ça :
J'ai embêté une fois de plus mon ami Thibaud à lui poser plein de questions sur l'Islande vu qu'il y est allé plusieurs fois. Je me vois encore dire à mon boss "bon, en février mars, je pose trois semaines, je me barre en Islande".
Sauf que voilà ... dans ma tête ça sonne faux. Chaque fois que je passe à côté d'un globe terrestre ou d'une carte, il se passe deux choses : premièrement, je me dis "l'Islande c'est même pas au dessus du cercle polaire !", puis ensuite je lève les yeux tout en haut vers ces petites îles norvégiennes qui titillent le pôle nord. Il n'y a rien à faire, c'est ça qui me fait vibrer c'est là que je veux aller ! L'Islande est devenue un plan B pour moi ! C'était mon rêve absolu pendant des années et maintenant c'est un plan B ! Je suis un monstre ! 😂
"Bon et au final ? Parce que j'en ai marre là, c'est trop long, je veux aller me coucher moi !"
Oui oui oui ! Mais sache que la patience est mère de toutes les vertus !
Alors au final, j'ai exploré d'autres options pour le Svalbard. J'ai commencé par regarder pour y aller en solo, mais en faisant des activités organisées sur plusieurs jours sur place. J'ai vite déchanté : c'est hors de prix. A la journée ? C'est moins hors de prix, mais tout de même. Bon et bien ... à la demi journée alors. Bon là, ça rentre dans le budget. Je vais pouvoir faire des trucs cool genre sortie guidée en raquettes, ou en motoneige, ou encore en chiens de traineau.
Mais je ne suis tout de même pas convaincu. Déjà si c'est à la demi journée, qu'est-ce que je vais faire de l'autre moitié ? Et puis les activités de deux ou trois heures, c'est bien gentil, mais ça fait un peu truc pour les gamins ou mamie. Paye ton immersion si c'est pour sortir à 3km de la ville ... Moi j'ai envie de voir la nature, la vraie la brute !
Et la solution est venue tout naturellement au final. Je ne m'étais même pas rendu compte que le budget que j'étais prêt à y mettre en faisant les activités à la demi journée correspondait aux tarifs des agences de voyage françaises, avec des séjours beaucoup plus intéressants. Alors oui, à la base je voulais partir en autonomie, comme pour mes voyages précédents, mais je me dis que de partir avec un organisme, surtout pour une destination comme celle là, ce n'est peut être pas plus mal. J'ai presque tout appris par moi même jusqu'à maintenant, donc le fait d'avoir un guide me permettra certainement de prendre plein d'expérience de sa part.
J'ai repéré un séjour qui me bottait bien, mais j'étais un peu réticent car je voulais parcourir une longue distance afin de maximiser mes chances de voir des ours. Or là, ça se passait un peu tout dans le même coin. Mais j'ai tout de même contacté l'agence. Le chef de produit que j'ai eu au téléphone n'a pas eu beaucoup de mal pour me convaincre. Il m'a dit que ce séjour là était la continuité de ce que j'ai fait en Norvège et en Finlande. Que c'était en quelques sortes une initiation pour de plus longues expéditions polaires plus tard.
J'ai pris le temps de la réflexion pendant quelques jours. Quelques échanges par mail pour répondre à mes questions, puis un nouveau coup de fil : vendu ! J'ai initié le départ sur la toute première date disponible car même si c'est la période la plus froide, c'est aussi d'après ce que j'ai lu, celle pendant laquelle il y a les plus belles lumières. Il n'y a plus qu'à espérer que d'autres gens se joindront à moi pour que le départ soit confirmé. Coup de chance : 10 jours plus tard, c'était déjà fait.
Voilà ! C'est fait ! Je pars au Svalbard ! 😀
Le séjour
Je pars donc avec l'agence 66°Nord pour neufs jours pour un raid en raquettes sur le thème de la découverte de la banquise (putain ça en jette ! 😀). Nous serons un petit groupe (huit il me semble). Pas d'hôtel ! Les nuits se feront sous tente au milieu de nul part, par -15° de moyenne. Elles vont être animées car il va falloir se relayer pour faire des tours de garde au campement afin de ne pas se faire surprendre par un ours. Voilà ! ça c'est de l'immersion au moins !
Je suis donc complètement partagé entre la peur et l'excitation, mais c'est ça qui est bon ! Je suis sûr que ça va être une expérience formidable. Il y aura des galères, c'est sûr, mais par expérience, c'est aussi ce qui fait les meilleurs souvenirs. C'est un peu un test pour moi, pour savoir si je vais tenir le coup, si ça va me plaire, pour éventuellement pousser le bouchon encore plus loin à l'avenir. ça va aussi être ma première en voyage organisé. A voir si c'est compatible ou non avec mon côté pas forcément très sociable 🙂
Et surtout, surtout ! ça me permettra d'enfin avoir la réponse à la question ultime : comment on fait caca sur la banquise ?
Bien évidemment, vous l'aurez compris, ce type de voyage ne me permettra pas de maintenir le blog à jour en direct comme les fois précédentes. Déjà parce que Bankiz Telekøm, ça ne capte pas très bien, puis ensuite, parce que par -15° et vu là où je serai, j'aurai bien autre chose à f*utre ! 😀
Il faudra donc attendre mon retour pour avoir de mes nouvelles cette fois-ci. Mais voyez le côté positif : j'aurai plus de temps pour m'occuper des photos et rédiger les articles.
Le prochain article portera sur le Svalbard en lui même, pour que vous sachiez vraiment de quoi il s'agit.
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