Jour 3 - A l'attaque contre la tempête !

Le 29/03/2019

Ça y est ! Cette fois-ci on y est !

Pour ceux qui s'impatientent, sachez que cette fois-ci, les premières "vraies" photos arrivent 😉

Après une journée frustrante coincés à la guesthouse par la tempête, c'est enfin le jour du grand départ !

Réveil assez tôt pour un départ à 8H pétante. La nuit a été plutôt bonne. Il faut dire qu'à un moment, vu comme les précédentes ont été courtes, il fallait bien que le corps récupère.

On charge la camionnette avec nos sacs à dos puis nos sacs étanches avec nos vêtements. On embarque aussi du petit matériel (thermos, un peu de nourriture ...). Direction les conteneurs pour récupérer les pulka. On s'arnache puis on les tire sur quelques centaines de mètres pour aller chez Hurtigruten (une compagnie de tourisme norvégienne connue pour ses croisières dans les fjords), car c'est eux qui nous emmeneront à destination en chenillette.

Notre carrosse nous attend. Un camion à chenilles à l'avant, une remoque "cabine", puis un grand traineau à l'arrière pour mettre tout le matériel.

Chenillette HurtigrutenNotre taxi Chenillette HurtigrutenLa remorque Chenillette HurtigrutenNotre taxi en entier

Ah oui ! Vous l'aurez remarqué : le temps n'est pas encore tip top. Mais comparé à la veille, ça va, on ne va pas se plaindre. Si on ne voulait que du soleil, on ne serait pas ici 😉

En plus de la chenillette, une motoneige fera partie du convoi. Elle est là pour deux raison : il va falloir un traineau en plus pour tirer les cages des chiens, puis avec les deux groupes à partir, il manque une place dans les cabines. C'est donc Erica qui va s'y coller. Pour l'occasion, elle se retrouve équipée comme un CRS.

Tenue motoneigeErica prête à partir en motoneige

Avant de démarrer, j'en profite pour aller faire une ptite photo de Longyearbyen.

Vue de LongyearbyenLongyearbyen sous la neige

Bon ok ... vu d'ici et avec ce temps, je vous l'accorde, ça ne fait pas trop envie 😉

On embarque : le premier groupe (plus petit) dans le camion à l'avant, nous dans la boiboite à l'arrière.

Première étape au bout de 20 minutes de route (enfin ... "route" ..., z'avez compris quoi) : récupérer quatre chiens au chenil (deux par groupe). Le temps se dégage petit à petit, puis autour de nous le paysage devient de plus en plus sauvage. Ça commence à devenir sérieux 🙂

Chiens dans leur chenilLe chenil Huskies dans leurs cagesRécupération des chiens

On profite de cette petite pause pour regarder les alentours. Je fais un panorama de la vallée dans laquelle nous sommes "Adventdalen" (vallée de l'aventure).

Panoramique d'AdventdalenAdventdalen

Puis on se remet en route. Au loin, on commence à apercevoir des rennes.


La chenillette tourne pour s'engoufrer dans Helvetiadalen (la vallée des suisses), direction Kreklingpasset (j'ai mis la carte en lien). Les derniers signes de la civilisation disparaissent. On commence à voir de plus en plus de rennes et surtout de plus en plus proches de nous.

Après une bonne heure et demie de route, on arrive enfin à destination. Par chance, la chenillette a pu nous emmener au plus près de notre objectif. On craignait que ce ne soit pas possible.

Débarquement. Première claque. Un soleil filtré par les nuages qui donne un beau halo de lumière.

Paysage ArctiqueLe soleil peine à percer

J'adore ce genre de paysage. C'est hypnotisant. Mais il faut revenir sur terre le temps de décharger le matériel.

Matériel d'expédition ArctiqueDébarquement

Au loin, il y a deux rennes en train de remuer la neige pour trouver leur nourriture. Robin a beau me dire "t'inquiète pas, des rennes tu vas en voir d'autres", mais je ne peux pas m'empêcher de monter rapidement le télé pour les shooter, histoire d'avoir une preuve au cas où 🙂

Deux rennes au loinDeux rennes broutent au loin

Le choix a été fait pour les chiens, nous faisons donc la connaissance de nos deux nouveaux membres d'équipage : Tiger et Lotte (prononcez "Lotteu", avec un "heu" bien marqué).

Tiger le huskyTiger

Pour le coup, vous n'aurez que Tiger pour le moment, car Lotte ne s'est pas montrée très coopérative pour se faire tirer le portrait.

Entre temps, on a commencé à casser la croûte. On mise surtout sur les choses très énergétiques. On se fait passer des paquets de cacahuètes, amandes, fruits secs et trucs du genre qu'on appelera "graines" tout le séjour. Puis on continue avec un paquet de nouilles chinoises, surnommées "yum yum". Pour finir, on se fait un thé Ricola dans nos gamelles. C'est pratique, il n'y a pas de sachet, on a juste à laisser fondre.

Une fois le repas terminé, le temps que tout le monde s'active, j'en profite pour faire quelques clichés.

Panoramique montagnes ArctiquesPanoramique Paysage ArctiqueAmbiance Arctique Renne du Svalbard au loinUn des premiers rennes

La déception de la veille me semble bien loin à ce moment là.

Halo de soleilLa claque à l'arrivée sur place

Robin me rappelle, il est l'heure d'y aller. On a toujours un objectif important à atteindre : se mettre à l'abri et monter un camp béton avant la tempête.

Après quelques pas, je reprends l'appareil à la main. Les motifs, les contrastes, les couleurs d'une montagne surplombée d'un ciel bien chargé et bleu métallisé captivent mon attention. C'est un tout petit bout du décor au loin. Je ne suis même pas sûr que les autres y aient fait attention. Ça me semble irréel ces couleurs. Je prends quelques clichés par dessus les têtes tout en continuant ma route.

Montagne et ciel chargéContrastes Montagne et ciel chargéÇa sent la tempête qui arrive

On fait quelques pauses, pour reprendre notre souffle ou pour gérer la chaleur de notre corps. On n'a pas l'habitude, ce n'est pas évident. Il ne faut surtout pas prendre chaud pour ne pas transpirer et à l'inverse il ne faut pas avoir froid. Je me bats continuellement contre la buée sur mon masque de ski (qui s'est avéré être sacrément m*rdique), puis sur mes lunettes de soleil qui ont fini par le remplacer. Être protégé ou y voir clair ... paye ton choix ...

Expédition au SvalbardEn route !

Au loin le ciel reste toujours très chargé, donnant la couleur de ce qui allait nous attendre le soir.

Ciel noir SvalbardLe ciel est bien chargé

De l'autre côté, le soleil tente toujours de percer à travers les nuages.

Halo de soleil au SvalbardHalo de soleil

Tiger toujours au top.

HuskyTiger

Lors d'une pause, j'ai voulu changer d'objectif, pour passer à l'ultra grand angle et voir ce que ça donnait avec le halo de soleil. Je déclenche, et là catastrophe :

Quelque chose s'est bloqué et empêche le miroir de se relever correctement. P*tain c'est pas vrai !!! Déjà que le programme est tout chamboulé, mais si en plus je flingue mon réflex dès la première sortie, ça va vraiment faire ch*er !!! Bon, ça ne sert à rien de s'exciter maintenant. D'ailleurs ça ne sert à rien de s'exciter tout court, ça ne changera pas les choses. Je verrai ce que je peux faire quand le camp sera posé. Dans ma tête il y a la petite voix diabolique (vous savez, celle qu'on voit dans les dessins animés avec un petit diable assis sur l'épaule) qui me dit "😈 c'est pas grave, ça te fera une excuse pour t'acheter un Z6 en rentrant 😈". Heuuu mec, t'es con ou quoi ? T'as cru que j'étais Rothschild ?

On arrive dans la moraine du glacier d'Olivierbreen. Après quelques dizaines de minutes de marche, Robin part devant pour voir si le site convient pour poser le camp. Oui, ce sera là. On y est !

On commence par monter la tente mess qui sera en quelques sortes le QG du camp. Ensuite on passe aux 5 tentes "dodo" pendant que d'autres s'occupent de creuser les toilettes (ne vous inquiétez pas, nous y reviendrons sur ce sujet 😀). Un peu moins de deux heures après, tout est installé. On peut aller se changer pour mettre des vêtements secs et plus chauds vu qu'on ne va plus bouger.

J'en profite pour essayer de ramener à la vie mon appareil photo. Dans un premier temps, ça ne veut pas. C'est dommage, la vue est magnifique. Tant pis, je shoote quand même, au pire je découperai les photos et ça fera des formats panoramiques 😀

Je remarque tout de même que la zone noire n'est pas tout le temps de la même taille. C'est que ça ne doit pas être complètement bloqué. Je mets l'appareil dans un sac congélation avec un sachet de silice pour absorber l'humidité, puis je bourre tout ça dans mon sac avec une chaufferette, histoire que ça fasse fondre un éventuel glaçon. Je pense que le mal s'est fait dans la chenillette. Il faisait chaud, du coup ça a fait de la condensation un peu partout, puis celle-ci a dû geler ensuite. J'étais au courant de cet effet, j'avais pris ce qu'il fallait pour le contrer, mais à un moment je n'ai pas fait attention et ça ne m'a pas raté.

Un peu plus tard, je refais des essais. Je sens que ça vient, la zone noire est de plus en plus mince. CLAC ! Ah ! Ça y est ! Sauvé ! Ouf ! 😀

Paysage montagneux SvalbardLa tempête arrive

J'en profite pour prendre le camp en photo.

Campement arctique SvalbardFort tempête

Au passage je fais un shoot de l'intérieur de ma tente pour vous montrer.

Intérieur tente Helsport SvalbardL'intérieur de ma tente

Il y a une grande abside, une sorte de hall d'entrée. Une tranchée d'une cinquantaine de centimètres de profondeur y a été creusée. Ça permet de mettre les jambes dedans et de pouvoir s'assoir sur le bord pour avoir un peu plus de confort, notamment quand on chausse les bottes. Derrière il y a la chambre. C'est une tente 3 personnes, mais comme je suis tout seul, je suis large niveau place, donc je ne me suis pas trop embêté niveau rangement.

Aller, il est temps de rejoindre les autres dans la tente mess pour un petit apéro.

Intérieur tente messL'intérieur de la tente mess

Vu que les guides avaient commencé à faire fondre de la neige pour faire de l'eau, il y avait une condensation pas possible. Je ne me suis donc pas éternisé avec l'appareil photo, histoire de ne pas recommencer la même bêtise que dans la chenillette.

La tempête commence à arriver. Il neige, le vent souffle fort, ça secoue la tente, mais pas de quoi s'inquiéter pour le moment. On mange, ça monte en intensité, dehors l'obscurité commence à s'installer. Robin nous parle ours, sécurité, tours de garde, pour nous préparer à la nuit qui s'annonçait assez compliquée vu les conditions. Puis d'un coup, Tiger aboie. Gros blanc dans la tente, les regards se croisent, les deux guides se fixent "ok, va voir !". Erica qui était près de l'entrée sort donc pour voir de quoi il s'agit. Rien à signaler. Ouf ! Le chien voulait certainement attirer notre attention pour qu'on s'occupe de lui. Il recommencera deux ou trois fois dans la soirée.

"S'il te regarde quand tu sors de la tente, c'est qu'il voulait juste te voir. S'il regarde ailleurs, c'est qu'il a repéré quelque chose. Si les deux gueulent en même temps, c'est pas bien bon".

Je n'en ai pas encore parlé des chiens sur le campement. Ils ont été mis chacun à un bout, avec une vue bien dégagée pour voir ce qui nous arriverait éventuellement dessus. Ils sont attachés à une ancre dans la neige. J'avoue que quand je vois le temps dehors, j'ai un peu pitié pour eux de les savoir ici. Mais Robin nous assure qu'ils n'y craignent pas. Ils vont se mettre en boule pour dormir, puis se laisser recouvrir par la neige qui leur fera une couche de protection.

La tempête est là, bien installée, mais elle n'est pas encore à son pic qui est prévu pour 4h du matin. Les guides font un tour rapide du camp pour voir si tout tient bien et pour consolider quelques tentes. Robin prend la décision de modifier les tours de garde. On ne fera pas deux heures pleines à l'extérieur ce soir. On va s'organiser autrement. On va toujours fonctionner par doublette, mais seulement un des deux sortira, l'autre restera dans la tente. Le but sera de sortir faire un tour pendant 5 à 10 minutes, montrer notre présence à l'ours, vérifier que le camp tienne bien, déneiger les tentes si besoin, puis retourner près de l'autre pour se réchauffer 5 minutes. Ensuite au bout d'une heure, on inverse les rôles. Je vais faire équipe avec Livia étant donné qu'elle est elle aussi en solo.

Les instructions sont données, chacun rejoint sa tente pour dormir en attendant son tour. Le notre est prévu de 23H30 à 1H30. En vrai, il y a eu un décalage, on a donc fait minuit 2H. Bien évidemment, pas moyen de fermer l'oeil avant, même si je sentais que j'arrivais quand même à m'assoupir un peu.

Le premier tour de garde

Livia a commencé à l'extérieur, moi en support à l'intérieur. Elle me prévient chaque fois qu'elle rentre "c'est pas facile, on ne voit rien, il y a plein de congères autour des tentes". Elle se réchauffe avec les thermos d'eau chaude qui se transmettent entre les gardes.

A une heure du matin, mon tour arrive. Je chausse mes bottes, bonnet, mouffles, tour de cou, masque de ski, la totale. Mince ! Mon masque est complètement gelé, je ne vois rien dedans. Tant pis, je vais essayer sans. Je mets le nez dehors et là j'ai débarqué sur une autre planète. On ne voyait rien. Une neige fine et abondante qui tombait à l'horizontal balayée par un vent bien costaud. La visibilité était d'à peine quelques mètres. Je ne sais pas si vous vous souvenez de cet économiseur d'écran qu'on voyait sur les ordis dans les années 90, mais là je vis en plein dedans

A un moment je suis parti vers les toilettes pour faire un tour de garde assez large. J'ai pris un bon coup de chaud en me retournant et en voyant que je ne distinguais même plus la tente mess. Puis tout d'un coup "Put*in c'est quoi cette grosse masse blanche et ronde dans le faisceau ??? 😨" ... ouf ! Un rocher ! Faut pas me faire ça punaise ! Pas ce soir !

Certaines tentes morflent plus que les autres, je déneige donc à chaque sortie.

L'heure passe vite, mais c'est tout de même une sacrée épreuve vu les conditions. Il est temps de retourner se coucher, j'appelle les suivants.

Les bruits de pas de la garde dans la neige m'ennuient au début, mais au bout d'un moment je finis par trouver ça rassurant. Je trouverai un demi sommeil sur le matin, mais ce n'est pas encore cette fois-ci que je ferai une bonne nuit en bivouac.

Fin de cette folle journée.

 

Bref, j'ai vécu une tempête sous une tente dans l'Arctique.
(et ça c'est quand même sacrément quelque chose ! 🙂)

 

 

PS : j'ai de grosses misères pour traiter les photos. Je ne sais pas à quel moment j'ai foiré avec mon matériel, mais j'ai un nombre de poussières sur le capteur comme je n'ai jamais eu. Ça me prend un temps fou à nettoyer. Du coup je ne vais pas être très rapide pour publier la suite.

Vos commentaires :

Par Cécile le 30 mars 2019 à 14:09
C'est comme dans got, au nord tu mur, la ou sam passe ces journées a faire des trous dans la neige pour faire les toilettes 😝
Par Elodie le 29 mars 2019 à 19:11
Trop bien ! Et chouettes photos ! PS: arrête de teaser avec cette histoire de caca sur la banquise, le suspense est insoutenable
Par Manu le 29 mars 2019 à 18:33
Super ton article !! Merci pour ce récit je replonge dans ce voyage...

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faut pas croire ce que disent les journaux