Jour 3 - Le grand départ

Le 14/04/2023

Derniers instants au chaud

Il est environ quatre heures du matin. Entre la luminosité ambiante, prémice du soleil de minuit qui chassera définitivement la nuit dans quelques semaines, et l'excitation, j'ai déjà les yeux grands ouverts.

La veille, avant de me coucher, j'avais posté un message sur les réseaux sociaux, pour annoncer dans des groupes publics de randonneurs ce dans quoi je me lançais le lendemain. Au réveil, j'ai eu l'énorme surprise de voir que mon message avait reçu un succès inespéré. Entre ça, mes amis, ma famille, mes collègues, les gens qui m'ont fraichement découvert lors de mon exposition au Salon Monts d'Or photo une semaine avant, je sens qu'il y a énormément de monde derrière moi. Ça me montre que je me lance dans quelque chose d'assez extraordinaire. Ça me motive, ça me pousse, je déborde d'énergie ! Je ne me suis jamais senti aussi bien pour me lancer dans une aventure. Ça va être chouette !

Je fais les ultimes préparatifs. Je range les dernières choses qui trainent dans ma chambre, en silence, car vu l'heure, les autres occupants du Airbnb sont encore en train de dormir. Je prends mon petit déjeuner, assez copieux, pour avoir de l'énergie vu la journée qui m'attend. Remplissage des thermos avec de l'eau bouillante, pour que ça reste chaud et liquide jusqu'au soir.

Le temps passe vite. Ça commence à se lever dans la maison.

Le départ approche. Anne, qui m'a proposé la veille de m'emmener hors de la ville, est prête. Il est temps de charger mon matériel dans sa voiture.

Nous partons vers 7H30. Direction le stade de Kaiskuru. L'office du tourisme d'Alta m'avait dit par Internet qu'il était facile de rejoindre Tverrelvdalen (la zone depuis laquelle j'espérais partir au début) depuis là bas, via les pistes de ski de fond. Nous y arrivons une vingtaine de minutes plus tard. Un énorme merci à Anne qui vient de me faire gagner plusieurs heures et beaucoup d'énergie ! Et vraiment, traverser la ville ne m'enchantait pas du tout. Alors merci !

J'enfile mon harnais, je réajuste quelques bricoles. J'installe mon gros sac à dos sur le haut de la pulka et réorganise un peu le chargement final. Puis c'est parti pour de bon !

Mais le mieux serait que vous m'écoutiez raconter tout ça dans le feu de l'action ! Et c'est désormais possible, puisque j'ai ajouté quelques nouvelles fonctionnalités au site, dont les vidéos ! Alors voici mon petit discours d'avant départ 😊

Sortir de la ville

Me voilà lancé sur les pistes de ski de fond ! C'est damé, ça glisse bien, ça avance vite ! Trop vite même ! Je n'ai pas l'habitude de tirer ma pulka avec des cordes vu qu'avant j'avais un brancard rigide. À la moindre petite descente, ça part tout seul ! Elle me rattrape et me fauche les jambes. Je ne suis pas bien adroit sur ces premières centaines de mètres.

Je finis par trouver une technique qui me convient bien. Avant une descente, je prends les cordes dans la main et je tiens Gertrude (ma pulka) bien courte, avec mon pied droit collé contre elle. Ça suffit pour la ralentir et la rendre contrôlable. C'est globalement plat, mais pour faire plaisir aux skieurs de fond, ils s'arrangent quand même pour qu'il y ait quelques montées / descentes. Disons que ça me sert pour m'échauffer ! Je me fais doubler par quelques uns d'entre eux d'ailleurs. Normal, avec ma remorque d'une soixantaine de kilos que je traine derrière moi, je ne suis pas ce qu'il y a de plus rapide. Mais ça tombe bien, je ne fais pas la course !

Bon, autre nouveauté sur le site, qui devrait vous aider à voir un peu mieux à quoi ça ressemble sur place : les photos à 360° ! J'ai pris avec moi une nouvelle caméra qui permet de prendre des photos ou des vidéos sphériques. Vous pouvez donc vous "promener" dans ces photos en cliquant et en bougeant dedans avec votre souris, ou en glissant vos doigts dessus depuis un smartphone ou une tablette. Je vous laisse imaginer ce que ça pourrait donner avec des aurores boréales 🤩

Pour le moment, je navigue avec le GPS de mon smartphone, plus détaillé que celui de mon Garmin InReach, comme le chemin n'est pas complètement évident. Sauf que je ne me suis pas rendu compte qu'il avait planté et que je suis allé plus loin que prévu. J'étais hésitant entre deux routes, mais il m'a emmené trop loin. J'envisage de prendre la route par Stilla, ce qu'indiquait la trace initiale sur laquelle j'avais basé mon itinéraire, mais ça me fait revenir en arrière. Je tente différemment, par une large piste de motoneiges qui indique "Jotka Fjellstue", le nom du premier refuge par lequel je devrai passer dans un jour ou deux.

Je croise deux jeunes norvégiennes. J'en profite pour leur poser la question. Elles me disent que je suis sur la bonne piste. Qu'en suivant la trace de motoneiges, j'arriverai à Jotka. Parfait ! Car la trace que j'avais préparée ne me semblait pas viable. Elle partait sur une pente beaucoup trop raide. Alors cette piste de motoneiges, ça va grandement me faciliter la vie !

Petit à petit, je m'éloigne de la civilisation, même si elle est encore là.

Kulojärvi

Me voici arrivé au lac (gelé) de Kulojärvi. Il est midi passé, il commence à faire faim. Je sors mon sac de repas. Pour aujourd'hui ce sera purée, viande séchée, graines, un peu de chocolat et barre de céréales. Le tout accompagné d'un petit thé sorti tout droit de mon thermos. J'en profite aussi pour tester rapidement mon panneau solaire, que j'amène pour la première fois avec moi. Ça me permet de récupérer quelques pourcents de batterie sur mon smartphone notamment. Ce n'est pas idéal mais ça dépannera si je me retrouve à sec un jour.

Je reprends ma route vers 14h, avec la traversée du lac.

La vidéo suivante est prise en 360°. Donc tout comme pour les photos, vous pouvez "tourner" dedans.

Une fois arrivé de l'autre côté, je m'attaque enfin au dénivelé pour rejoindre le plateau. Ça ne monte pas très raide, mais avec la charge que je tire derrière, ça me calme assez vite. Le soleil laisse sa place à des averses de neige. Je pensais avoir fait le plus dur après la première grande montée, mais en fait non. Ça redescend tout de suite derrière. Super ! Le dénivelé bien inutile quoi !

Toute la fin d'après-midi ressemblera à ça. Un enchaînement de montées / descentes, en longeant des arbres et des chalets, puis en croisant des convois de motoneiges qui ramènent les touristes en ville. Bon ... je ne m'attendais pas trop à ça, mais je ne m'inquiète pas pour autant. C'est le premier jour, je suis encore proche de la civilisation. Je me demande quand même où je vais planter la tente ce soir, car pour le moment ça ne me botte pas énormément.

Je me donne encore une heure de marche avant de poser le camp. Je ne veux pas avoir à monter la tente alors qu'il fait nuit. Je veux m'y prendre assez tôt. Avoir le temps de profiter un peu avant de me coucher.

Finalement, au bout d'une grosse demi-heure, j'arrive enfin dans une zone qui me plait bien ! À peu près sauvage, à part cette ligne électrique qui passe pas bien loin. Une belle vue bien dégagée, avec le soleil couchant. Ouais ! Je suis crevé et c'est très bien ici !

C'est décidé, je plante le camp !

Premier campement

Je décide de tester quelque chose de nouveau sur le montage de mon camp. Plutôt que de creuser une fosse à froid sur toute la longueur de l'abside de ma tente, je la creuse sur seulement la moitié. Allez, un peu plus ! Disons deux tiers ! Cela va me permettre de m'assoir au fond sur le côté et de cuisiner en ayant la porte de la chambre fermée. Le but est d'éviter de laisser entrer trop d'humidité là où je dors. Parce que oui, faire fondre de la neige et jouer avec de l'eau bouillante, par ces températures, ça créé beaucoup de condensation.

Je capte encore un peu avec mon smartphone alors j'en profite pour donner quelques nouvelles à tout le monde et annoncer que je suis en sécurité pour ce premier soir. Sans trop abuser non plus, car il faut que je préserve mes batteries.

Le réchaud essence tourne bien, pas de problème à signaler cette fois-ci. Pas comme l'année dernière !

Ouh ! Le temps a changé dehors. Il se met à neiger avec un bon petit vent. Je me suis planté sur l'orientation de ma tente, ça tape en plein dans la porte. Bon ... ça va, ça reste léger.

De toute évidence, je ne verrai pas d'aurores cette nuit. La journée a été longue, je vais me coucher. Assez confiant. La température est dans la plage de ce à quoi je m'attendais, c'est à dire autour de -10°. Après une longue bataille pour m'enfiler dans mon drap de sac, puis dans mon sac de couchage, de manière à ce qu'ils soient le plus hermétique possible pendant la nuit, je suis tombé comme une pierre !

Vos commentaires :

Par Jean Pierre Saint Valery le 15 avril 2023 à 11:11
Ca a l'air de bien démarrer ! Moi aussi je croise les doigts pour que tout aille aussi bien jusqu'au bout.
Par Vinciane le 15 avril 2023 à 10:58
Je me régale à vous lire ! Merci Sylvain de ces partages qui aèrent la tête. Conditions bien différentes de nos quotidiens ; Bravo.

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